C'était l'été.
Je me suis souvent réveillé trop tard, médusé, constatant la fuite du temps et mon incapacité à m'enivrer suffisamment des instants de réjouissance, à me rassasier des moments doux ; comme empêché.
Se réjouir à l'avance des bons moments et ne pas réussir à en profiter quand ils sont là : je ne sais pas si c'est tout le monde, je n'ai jamais demandé.
Le naturel me tire inexorablement vers la dureté, le froid et la pluie. Un pis-aller destructeur. Je me bats contre cet état de fait. Je ne gagne pas toujours. La route est longue, la mer parfois agitée.
Le déclenchement de l'obturateur est mon moyen d'arrêter le temps, de me dire que cela a existé même si je n'ai pas réussi à le vivre comme je l'aurais souhaité. Il est aussi un moyen de rendre compte de ma vision et d'extérioriser la douleur de l'isolement, une catharsis.
« C'était l'été. » est un constat photographié dans un rétroviseur.
Il est un miroir du ressenti, une allégorie du décalage, de l'absence, des rendez-vous manqués. Un conte doucement flétri.
Il est une autofiction. Il est aussi probablement un peu de votre vie.
Série réalisée lors du Festival Planches Contact 2024